Ma novella Hiver noir sera à l'honneur sur le site des éditions Flammèche à partir du 28 juillet et ce durant une semaine. Un concours sera organisé et pour vous aider à répondre aux questions, je vous propose un petit extrait du livre.
Flammèche Éditions
« Nous suivions les rives du lac Mývatn en le contournant par le sud et, malgré le ciel gris, j’avais déjà un bel aperçu de ce que serait notre cadre de vie durant les jours suivants. Cependant, je préférais me concentrer sur la route, la ferme se situait non loin de là, il nous suffisait désormais de remonter le long de la rive est et nous serions arrivées. Liv me fit remarquer que le moteur émettait des sons étranges depuis un moment. La voiture se mit ensuite à cahoter et je dus me ranger sur le côté de la chaussée une centaine de mètres plus loin. Je n’y connaissais rien en mécanique, je laissai donc Liv inspecter le bloc moteur. La pluie avait redoublé d’intensité et, à cette heure tardive, je doutais de voir passer un quelconque véhicule sur cette route. Je m’appuyai sur la portière et scrutai l’horizon en quête d’une lumière de phares mais je rentrai vite me mettre à l’abri, découragée par le froid mordant. Liv revint vers moi l’air dépité, elle n’avait pas réussi à redémarrer la voiture. Puisque nous étions encore à une dizaine de kilomètres de la ferme, mon amie suggéra de marcher jusqu’à la prochaine habitation afin de trouver de l’aide ou du moins de prévenir nos hôtes. Un peu plus loin, une vieille pancarte indiquait un guest house et nous prîmes le petit sentier qui menait aux bâtiments.
Liv ayant fait beaucoup d’efforts durant la journée, je pris l’initiative de marcher devant puis de frapper à la porte lorsque je vis qu’à l’intérieur une lumière était allumée. Je n’eus pas à attendre longtemps avant de voir apparaître la silhouette d’un homme sur le seuil. Devinant que mon désarroi était celui d’une touriste égarée, il me demanda en anglais ce qu’il pouvait faire pour m’aider. Je lui expliquai notre mésaventure et l’homme nous laissa entrer. Il nous dit s’appeler Ármann et proposa de joindre notre chambre d’hôte. Liv lui tendit le bout de papier sur lequel elle avait noté les coordonnées et Ármann s’éclipsa pour téléphoner. Mon amie me glissa à l’oreille :
— On est tombées sur un elfe.
— Tu aurais sans doute préféré un immonde troll.
— Bien sûr, dit-elle avec malice, notre traversée du désert intérieur manquait de piquant, cette panne arrive à point nommé.
Décidément, Liv avait le don de rire de tout. Cependant, elle n’avait pas tort sur le physique d’Ármann. Il était incroyablement grand et mince, ses traits étaient à la fois délicats et anguleux, un paradoxe qu’il m’était difficile d’expliquer. Sa chevelure blonde adoucissait un peu l’ovale de ce visage étrange. Dans la pénombre de l’entrée, j’avais deviné le vert de son regard et la curiosité qui l’habitait. »